Le jour où Johnny a failli arrêter sa carrière

Johnny Hallyday 2009

Il y a, dans la trajectoire fulgurante de Johnny Hallyday, des créneaux d’ombre que le mythe n’efface pas. Des jours où l’homme a vacillé, où la scène n’était plus une évidence. Parmi eux, un moment revient souvent dans les récits et les témoignages : à la fin de l’année 2009, lorsque la santé l’oblige à tout stopper, le doute l’envahit au point qu’il envisage réellement d’arrêter sa carrière. Cette journée-là, entre une chambre d’hôpital à Los Angeles et les échos d’une tournée annoncée comme la dernière, a failli changer à jamais l’histoire du rock français.

Décembre 2009 : quand la machine s’arrête

Une “dernière” tournée annoncée

Quelques mois plus tôt, Johnny avait lancé Tour 66, une gigantesque tournée conçue comme un baroud d’honneur. La communication autour du spectacle évoquait une ultime salve, une manière de dire au revoir en apothéose. Selon la presse généraliste et musicale, l’artiste lui-même laissait entendre que ces concerts pourraient être les derniers à cette échelle. L’onde de choc est alors à la hauteur de sa popularité : la France se rue dans les salles et les stades, consciente qu’elle assiste peut-être à un moment de bascule.

La nuit de Los Angeles

La suite est connue : fin 2009, après une intervention chirurgicale à Paris, des complications entraînent une hospitalisation d’urgence à Los Angeles. Les dépêches d’agence et les grands quotidiens rapportent qu’il est plongé quelques jours dans un coma artificiel, puis placé sous étroite surveillance médicale. Les dates sont annulées, la tournée interrompue. Au-delà des chiffres et des bilans, la sidération s’installe : pour la première fois depuis longtemps, Johnny est contraint de s’éloigner du public, et rien ne dit alors qu’il remontera un jour sur scène.

Le doute  : tout arrêter ?

Dans des entretiens accordés après son rétablissement, Johnny confiera avoir pensé à s’arrêter. Selon ses propres mots rapportés par plusieurs médias, il s’est interrogé sur le sens de repartir en tournée, sur ce qu’implique physiquement et moralement une vie entièrement vouée à la scène. Ceux qui l’entourent évoquent aussi cette période comme un moment d’introspection rare : l’artiste, d’ordinaire porté par l’élan, se confronte au vide, à la possibilité d’un silence durable.

Un précédent marquant  : 1966, la faille intime

Voici un très bon reportage de la RTS sur Johnny en 1966 :

La tentative de 1966, choc national

Ce n’était pas la première fois que Johnny affrontait ce vertige. En 1966, alors qu’il est déjà l’idole d’une génération, la presse de l’époque rapporte une tentative de suicide. Les journaux titrent, la France s’inquiète. Selon ses biographes et de nombreux témoignages, l’épisode mêle surmenage, tourments privés et pression d’une notoriété écrasante. Johnny s’en relève, reprend la route des scènes et des studios, mais cet instant creuse une brèche : il sait depuis qu’une carrière peut tenir à peu de chose, à un souffle, à une décision prise dans la solitude.

Un artiste qui doute, un homme qui tient bon

Ce précédent de 1966 éclaire d’une lumière particulière l’instant 2009. L’homme n’est pas de marbre : il a déjà tutoyé la rupture, il connaît le prix de l’effort et celui de l’abandon. Sa trajectoire demeure faite d’élans et de failles, et c’est précisément ce mélange-là qui nourrit sa légende.

Au milieu des années 1980 : avant la renaissance Berger

Un autre point de bascule revient souvent dans les récits : le creux du début des années 1980, juste avant la rencontre artistique avec Michel Berger. Selon des interviews ultérieures et des analyses de la presse spécialisée, Johnny traverse alors une période de flottement artistique et personnel. L’alignement se fera en 1985 avec l’album Rock’n’Roll Attitude, relançant avec éclat sa trajectoire. Là encore, il y a eu ce moment de doute — moins spectaculaire que 2009, moins dramatique que 1966 — où l’option de lever le pied, voire de s’arrêter, a été envisagée.

Pourquoi il n’a pas lâché

La scène comme raison de vivre

Revenir, chez Johnny, n’a jamais été un geste de facilité. Après 2009, il repartira, contre toute attente, avec de nouveaux albums et des tournées ambitieuses, confirmant que l’appel de la scène l’emporte. À l’écouter, et à lire ceux qui l’ont approché, plusieurs ressorts expliquent ce refus d’abandonner :

  • L’attachement viscéral au public : la communion des concerts, la sensation de puiser et de rendre une énergie unique.
  • Le besoin d’expression : au-delà du répertoire, la scène comme exutoire, comme lieu où l’homme se reconstruit.
  • Le défi physique et artistique : affronter la fatigue, renouveler la mise en scène, se prouver que l’on peut encore surprendre.
  • Le cercle proche : selon de nombreux témoignages, l’entourage a joué un rôle clé pour l’aider à traverser les périodes sombres et reprendre confiance.

Un jour qui change le récit, pas la légende

Le “jour où Johnny a failli arrêter sa carrière” n’est pas un seul jour au sens strict, mais une conjonction de chocs concentrés en un moment : l’hôpital, l’incertitude, la perspective d’un adieu officiel. Ce jour-là, relaté par les médias et confirmé par ses propres confidences, a failli refermer le livre. Il a finalement redonné sens à ce qui allait suivre : un retour imprévu, des disques portés par une gravité nouvelle, et des concerts qui résonnaient avec une intensité presque testamentaire.

Ce que l’on retient

On retient qu’un géant peut douter. Qu’un artiste qui a tout donné peut avoir envie, un instant, de s’asseoir et de se taire. On retient surtout que Johnny Hallyday n’a pas fait de la fidélité au rock un slogan, mais une discipline : revenir, même cabossé, même blessé, jusqu’à ce que l’on n’ait plus rien à dire — et lui, manifestement, avait encore quelque chose à dire.

Éclairages et prudence sur les sources

Les éléments relatifs à 2009 (hospitalisation, coma artificiel, interruption de tournée) ont été largement rapportés par les grandes rédactions et agences françaises à l’époque. Les évocations de 1966 (tentative de suicide) sont documentées par la presse d’époque et reprises par plusieurs biographes. Quant aux doutes du début des années 1980, ils apparaissent dans diverses interviews rétrospectives et analyses critiques. Comme toujours avec Johnny, il convient de croiser les témoignages : l’homme se racontait avec pudeur, et ceux qui l’ont accompagné apportent chacun une focale. Mais l’essentiel ne fait guère débat : il y eut bien un jour — ou plutôt un faisceau de jours — où Johnny a failli s’arrêter. La légende, elle, a choisi une autre route.

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